Le 11 juillet la partie azerbaïdjanaise a de nouveau bloqué la circulation des véhicules du Comité International de la Croix Rouge au point de contrôle illégalement établi dans le couloir de Latchine, violant ainsi de manière flagrante à la fois les normes du droit international humanitaire et ses propres obligations au titre de la Déclaration trilatérale du cessez-le-feu ainsi que des Ordonnances de la Cour Internationale de Justice du 22 février et du 6 juillet 2023. Le fait que l’Azerbaïdjan justifie cet acte illégal par une allégation de transport d' »articles non autorisés » tels que des téléphones portables, des cigarettes et du carburant dans les véhicules du CICR ne fait que prouver le fait du blocus en cours des transports, des vivres et de l’énergie de l’Artsakh, de la grave pénurie des produits de première nécessité, ainsi que l’attitude hostile et inhumaine de Bakou envers le peuple de l’Artsakh.
Nous rappelons que, conformément aux normes du droit international humanitaire, l’Azerbaïdjan a l’obligation de ne pas entraver la livraison des marchandises humanitaires en l’Artsakh assiégé. Le non-respect de cette obligation constitue une violation grave des dispositions des Conventions de Genève et est qualifiée de crime de guerre.
Tout en prenant acte de la déclaration du CICR du 11 juillet à cet égard, il est également nécessaire de souligner que les actions de l’Azerbaïdjan contreviennent directement à la Déclaration trilatérale signée par les dirigeants arménien, azerbaïdjanais et russe, qui prévoit, entre autres, la création un statut de corridor à la voie d’accès de Latchie et place celui-ci sous le contrôle des forces de maintien de la paix russes afin de garantir un lien entre le Haut-Karabagh et l’Arménie, ainsi que la sécurité de circulation des personnes, des véhicules et des marchandises dans les deux sens à travers ce corridor. En outre, la poursuite du blocus du corridor de Latchine par l’Azerbaïdjan constitue une violation des deux décisions juridiquement contraignantes de la Cour Internationale de Justice ordonnant à l’Azerbaïdjan d’assurer la libre circulation des personnes et des biens dans les deux sens à travers le corridor de Latchine. Nous insistons sur la nécessité pour les acteurs internationaux de se référer dans leurs prises de position relatives à la question du corridor de Latchine, aux décisions juridiquement contraignantes de la Cour internationale de Justice.
En entravant les opérations humanitaires du CICR, y compris les évacuations sanitaires, l’Azerbaïdjan non seulement ne respecte pas ses obligations internationales, mais aggrave également la situation humanitaire déjà catastrophique en Artsakh. Cette interdiction prive de fait toutes personnes en ayant un besoin critique, de l’accès à une assistance médicale d’urgence, ce qui peut entraîner pour celles-ci de graves conséquences jusqu’à leur décès.
L’entrave faite aux opérations humanitaires du CICR, combinée au blocus total en place depuis le 15 juin et à l’obstruction constante par l’Azerbaïdjan à l’action humanitaire auprès de la population d’Artsakh, ainsi qu’à sa politique consistant à créer des conditions de vie insupportables en Artsakh, est une manifestation de plus des intentions génocidaires de l’Azerbaïdjan envers le peuple d’Artsakh.
Nous estimons qu’il est impératif que la communauté internationale condamne les actions illégales de l’Azerbaïdjan, fasse pression sur les autorités azerbaïdjanaises afin que celles-ci rétablissent la possibilité pour le CICR d’effectuer des transports humanitaires et des évacuations sanitaires à travers le corridor de Latchine sur la base du principe du respect de la dignité humaine, et fasse des efforts collectifs pour protéger les droits et la sécurité du peuple d’Artsakh. Nous rappelons une fois de plus que toutes les parties impliquées dans le processus de paix portent la responsabilité pour lever le blocus criminel de l’Artsakh qui dure depuis 7 mois maintenant et assurer le plein respect par l’Azerbaïdjan de ses obligations contractées en vertu de la Déclaration trilatérale du 9 novembre 2020 ainsi que des décisions de la Cour Internationale de justice.