Dans la nuit du 27 au 28 juin 2023, les forces armées azerbaïdjanaises, en violation flagrante du cessez-le-feu et des dispositions de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020, utilisant de l’artillerie et des drones de combat ont attaqué les positions de l’Armée de défense de la République d’Artsakh, ainsi que des infrastructures situées au plus profond du territoire de l’Artsakh, causant 4 morts parmi les effectifs des Forces armées artsakhiotes.
La tentative qui s’inscrit dans une pratique devenue courante chez la partie azerbaïdjanaise de tenir pour responsable l’Artsakh pour cette attaque est sans fondement. En témoigne la déclaration du ministre de la Défense de l’Azerbaïdjan, lequel le 26 juin, deux jours seulement avant cette attaque, avait déclaré dans une interview que l’Armée de défense de l’Artsakh ne représentait aucune menace pour l’Azerbaïdjan tout en menaçant en même temps de mener une opération militaire au Haut-Karabagh avec les forces d’un corps de l’armée. Ainsi, le ministre azerbaïdjanais de la Défense a admis que son pays qui était l’agresseur et qui militarisait la zone du conflit du Karabagh.
Cette attaque meurtrière non provoquée démontre une fois de plus que l’Azerbaïdjan n’a pas abandonné ses plans de règlement du conflit du Karabagh par le recours à la force armée. L’attaque du 28 juin par les forces armées azerbaïdjanaises contre le territoire de l’Artsakh, comme les nombreux cas précédents de bombardements et d’attaques contre des civils, sont une manifestation claire de la politique génocidaire constamment poursuivie par l’Azerbaïdjan en l’absence de toute opposition de la part de la communauté internationale.
Nous attirons à nouveau l’attention de la communauté internationale sur le fait que l’Artsakh est sous blocus depuis près de 200 jours, de plus en plus sévère et inhumain. La population de la République est privée d’approvisionnement en gaz et en électricité. Au cours des 14 derniers jours, l’Azerbaïdjan a complètement bloqué la livraison de marchandises humanitaires en République d’Artsakh, effectuée au cours des plus de six derniers mois, en volumes limités par les forces de maintien de la paix russes et le Comité international de la Croix-Rouge. (CICR).
Les autorités azerbaïdjanaises ne dissimulent même pas leur intention de procéder à un nettoyage ethnique. Le président de ce pays l’a déclaré publiquement à de nombreuses reprises. La déclaration faite le 26 juin par le ministre de la Défense de l’Azerbaïdjan selon laquelle les habitants de l’Artsakh, qui ne souhaitent pas accepter l’autorité de Bakou, doivent quitter leur patrie est une nouvelle preuve des véritables intentions de Bakou à l’égard de l’Artsakh et de son peuple.
Nous attirons également l’attention sur le fait que l’attaque du 28 juin se soit produite comme à l’accoutumée, au moment où débutaient des pourparlers entre les ministres des Affaires étrangères d’Arménie et d’Azerbaïdjan à Washington, et qui vient à confirmer que Bakou tente d’imposer à la partie arménienne un ultimatum et des exigences maximalistes par des mesures coercitives, y compris le recours à la force militaire.
Le fait que Bakou ne soit pas prêt à s’engager dans des négociations de bonne foi se traduit dans les déclarations faites par le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères le 23 juin dans une interview accordée à l’agence Reuters. Celui-ci a notamment rejeté l’idée de garanties internationales des droits et de la sécurité du peuple d’Artsakh sous prétexte qu’il s’agissait d’une prétendue affaire intérieure de l’Azerbaïdjan. Essayant de présenter le règlement du conflit du Karabagh, y compris la question de la garantie des droits et de la sécurité du peuple d’Artsakh, comme une affaire intérieure de l’Azerbaïdjan, les autorités de ce pays tentent en l’espèce de légitimer leurs projets d’épuration ethnique de l’Artsakh. De telles déclarations désignent également la volonté de Bakou de saper les efforts des acteurs internationaux visant à créer des conditions propices à la recherche d’un règlement pacifique et global du conflit du conflit du Karabagh.
Dans ce contexte, la déclaration faite par le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères quelques jours avant l’attaque armée sur la prétendue volonté de ce pays de fournir une assistance aux habitants de l’Artsakh est une manifestation d’un extrême cynisme. La meilleure aide que l’Azerbaïdjan puisse fournir est son strict respect du cessez-le-feu, la levée de son blocus des transports et de l’énergie de la République d’Artsakh, et la pleine mise en œuvre des dispositions de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020 et de l’ordonnance de la Cour internationale de justice en date du 22 février 2023 concernant la circulation libre, sûre et sans entrave le long du corridor de Latchine dans les deux sens.
Nous notons que le fait d’infliger délibérément des souffrances aux 120 000 habitants de l’Artsakh et l’aggravation de la crise humanitaire à la suite du blocus total du corridor de Latchine constituent des crimes de guerre au regard du droit international.
Nous réaffirmons que la communauté internationale dans son ensemble, et en particulier les acteurs internationaux impliqués dans le processus de paix, ainsi que les pays coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE, ont une responsabilité directe dans la prévention de l’aggravation de la crise humanitaire, la garantie de la sécurité en Artsakh, ainsi que pour un règlement pacifique et global du conflit du Karabagh sur la base des normes et principes du droit international dans une perspective d’assurer une paix et une stabilité durables dans la région.
À cet égard, nous soulignons une fois de plus la nécessité d’user de tous les leviers et instruments à leur disposition pour faire pression sur l’Azerbaïdjan afin d’assurer le respect par celui-ci de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020, ainsi que la mise en œuvre immédiate de l’ordonnance juridiquement contraignant de la Cour de Justice internationale en date du 22 février 2023.