Le 29 juillet, un citoyen de la République d’Artsakh âgé de 68 ans, qui était transporté en Arménie pour des soins médicaux sous la supervision du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a été enlevé par des représentants de l’Azerbaïdjan au point de contrôle illégalement établi dans le corridor de Latchine. Le passage du citoyen d’Artsakh avait été convenu à l’avance grâce à la médiation du CICR.
L’arrestation illégale d’un citoyen d’Artsakh, placé sous la protection du droit international et du mandat du CICR, constitue une violation flagrante du droit international humanitaire et des droits de l’Homme, des dispositions de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020 et des ordonnances juridiquement contraignantes de la Cour de Justice Internationale et la Cour européenne des Droits de l’Homme, et démontre clairement les véritables intentions de l’Azerbaïdjan envers le peuple d’Artsakh. Il est à craindre que si la politique azerbaïdjanaise d’assujettissement forcé de l’Artsakh que Bakou présente à la communauté internationale comme son plan de règlement, réussit, les enlèvements, les détentions illégales, les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées et d’autres violations massives des droits des Arméniens de l’Artsakh se généraliseront.
En cas de contrôle sur les citoyens d’Artsakh, les autorités azerbaïdjanaises ne manqueront pas l’occasion de les soumettre à une détention illégale, à la torture, de les priver de leur vie ou de violer leurs droits humains de toute autre manière. S’ils tombent sous le contrôle de l’Azerbaïdjan, les Arméniens d’Artsakh n’ont pratiquement aucune chance de survie et de traitement humain.
Trente-huit civils tombés aux mains des militaires azerbaïdjanais lors de l’agression contre l’Artsakh en 2020 ont déjà été victimes de cette politique inhumaine de l’Azerbaïdjan. Tous ont été torturés et brutalement tués. Trois autres civils, ainsi que trois policiers et vingt et un militaires de la République d’Artsakh, ont été tués par l’Azerbaïdjan après la guerre et la signature de la déclaration trilatérale de cessez-le-feu du 9 novembre 2020.
L’enlèvement d’un civil est un autre exemple de la politique de l’État azerbaïdjanais de violations généralisées et systématiques des droits des résidents de l’Artsakh résultant directement de la mise en place d’un poste de contrôle illégal dans le couloir de Latchine devenu un instrument d’intimidation des Arméniens d’Artsakh, d’atteinte à leurs droits et à leur dignité, ainsi qu’une excuse pour commettre des crimes de guerre. Après avoir soumis le peuple d’Artsakh à la famine et à d’autres épreuves pendant près de huit mois, le privant délibérément et arbitrairement du droit de recevoir une aide humanitaire, les autorités azerbaïdjanaises ont maintenant recours à la persécution individuelle des citoyens vulnérables d’Artsakh.
Nous exigeons que tous les acteurs internationaux impliqués, y compris le CICR, prennent des mesures urgentes et efficaces pour libérer et rapatrier immédiatement le citoyen d’Artsakh enlevé, mettre fin aux crimes contre l’humanité commis par l’Azerbaïdjan contre le peuple d’Artsakh, ainsi que prévenir l’escalade de ces violations en crime de génocide. Nous considérons qu’il est impératif de consolider les efforts de tous les acteurs impliqués pour une cessation complète et inconditionnelle du blocus et la mise en place d’un mécanisme international à long terme pour protéger les droits et la sécurité du peuple d’Artsakh contre les politiques génocidaires de l’Azerbaïdjan.
Nous insistons pour que la question du blocus illégal en cours depuis près de 8 mois, mené dans le cadre de la politique d’État azerbaïdjanaise d’extermination du peuple d’Artsakh en tant que tel, soit rapidement abordée par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Nous appelons le Comité international de la Croix-Rouge, en tant que seule organisation internationale présente sur le terrain et dotée du mandat international pertinent, à exprimer d’urgence sa position publique et à fournir à la communauté internationale, en particulier aux États membres du Conseil de sécurité de l’ONU, avec des informations factuelles et juridiques détaillées concernant la situation en Artsakh et les actions de l’Azerbaïdjan.