En réaction à l’appel au respect d’un cessez-le-feu mondial et aux déclarations sur les élections générales en République d’Artsakh, le lundi 20 avril le président de l’Assemblée nationale de la République d’Artsakh Ashot Ghoulian a adressé une lettre au président de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE George Tsereteli, ainsi qu’aux membres du Bureau de l’Assemblée parlementaire.
En voici le contenu :
« Excellence,
Chers collègues,
Au nom de l’Assemblée nationale de la République d’Artsakh je salue le soutien de la présidence de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE à l’appel du Secrétaire général des Nations Unies au respect d’un cessez-le-feu mondial. J’estime très important également l’appel du président de l’AP de l’OSCE aux parties d’adhérer à l’appel de l’ONU au cessez-le-feu. C’est une initiative essentielle, indispensable et opportune dont la mise en œuvre constituera une importante contribution aux efforts collectifs de la communauté internationale destinés à relever le défi mondial que représente le COVID19.
Nous sommes convaincus qu’en cette période de crise liée à la lutte contre la pandémie du nouveau coronavirus, il est essentiel de renoncer aux stéréotypes hérités du passé ainsi qu’aux divisions. Nous ne pouvons faire face à cette épreuve globale que représente la pandémie pour toute l’humanité qu’en réunissant nos efforts et en assurant le principe de l’inclusion.
La République d’Artsakh a immédiatement réagi à l’appel du Secrétaire général des Nations Unies, en réaffirmant le 24 mars, son engagement à respecter scrupuleusement le régime de cessez-le-feu dans la zone du conflit. Toute tentative d’utiliser la situation actuelle générée par la pandémie à des fins politiques propres peut avoir des conséquences extrêmement dangereuses pour la communauté internationale et reste sévèrement condamnable.
Nous croyons que la crise créée par le nouveau coronavirus ne doit pas servir à limiter les droits de l’Homme dont le droit de vote et celui de former, au moyen d’élections démocratiques, des autorités. Dans ce contexte, les observations des membres du Bureau de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE relatives aux élections qui ont eu lieu récemment en Artsakh, suscitent un profond sentiment de déception. De plus, ces observations sont radicalement différentes de la position et des qualifications exprimées par les coprésidents du Groupe de Minsk qui reconnaissent, dans leur déclaration du 31 mars dernier « le rôle de la population du Haut-Karabagh dans la détermination de son avenir ». Ces observations contreviennent également aux déclarations faites à de multiples reprises par la présidence de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE annonçant son soutien entier aux efforts des coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE en faveur d’un règlement pacifique au conflit entre l’Azerbaïdjan et le Karabagh.
Chers membres du Bureau de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE,
Les élections sont une pratique courante en République d’Artsakh et partie intégrante de la vie publique dès l’accession à l’indépendance en 1991. Même la décision d’Helsinki adoptée en 1992 à l’issue de la première rencontre supplémentaire de la CSCE/OSCE affirme que les représentants élus du Haut-Karabagh sont partie aux négociations. Les médiateurs internationaux ainsi que Bakou ont maintenu un contact direct avec les autorités d’Artsakh issues d’élections. Il me paraît important de préciser également que le protocole de Bichkek qui a servi de base à l’instauration en mai 1994 du régime de cessez-le-feu, a été signé par les représentants élus des trois parties au conflit, les présidents des parlements de l’Artsakh, de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan.
Saisissant l’occasion je tiens à vous informer que les élections générales en République d’Artsakh se sont déroulées dans des conditions concurrentielles et de transparence, conformément aux normes internationales en vigueur. Ont été prises toutes les mesures nécessaires à prévenir la propagation du coronavirus lors des élections qui n’ont pourtant pas empêché les électeurs de se déplacer aux urnes en grand nombre pour réaliser leur droit fondamental et leur devoir civique. Conformément aux résultats de la Commission électorale centrale, cinq partis politiques ont obtenu des sièges à l’Assemblée nationale. Aucun des candidats à la présidence de la République n’ayant obtenu le nombre de suffrages nécessaires à une élection dès le premier tour, un deuxième tour de cette élection a eu lieu le 14 avril.
Il est important de rappeler que depuis l’accession à l’indépendance de l’Artsakh en 1991 un certain nombre d’élections et de référendums s’y sont tenus dans des conditions extrêmement difficiles y compris lors des violents bombardements du pays par les forces armées azerbaïdjanaises. Aussi, permettez-moi de vous assurer qu’aussi bien à cette époque dramatique pour l’Artsakh qu’aujourd’hui, son peuple et ses autorités d’Artsakh demeurent fidèles à la voie qu’ils ont choisi de bâtir un Etat libre, indépendant et démocratique, prêts plus que jamais à surmonter tout obstacle et tout défi qui se dresseront sur cette voie ».