Le 14 mai, le président du Conseil européen Charles Michel a fait une déclaration à la presse à l’issue d’une réunion trilatérale avec le Premier ministre arménien Nikol Pashinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev. Le contenu de la déclaration dans son ensemble, ainsi qu’un certain nombre de points qu’elle contient, indiquent que les dirigeants de l’UE continuent d’ignorer les droits et intérêts légitimes du peuple d’Artsakh et sont guidés uniquement par leurs propres intérêts géopolitiques à court terme dans la région au détriment des valeurs de démocratie et de droits de l’homme promulguées par l’Union européenne.
En témoignent notamment l’absence dans cette même déclaration de toute mention d’un blocus de plus de 5 mois du corridor de Latchine, de la mise en place d’un point de contrôle azerbaïdjanais illégal à l’entrée du corridor et du siège de fait des 120 000 habitants de l’Artsakh avec toutes les conséquences humanitaires qui en découlent. C’est une indication du fait que non seulement le président du Conseil européen n’empêche pas l’Azerbaïdjan, mais l’encourage à utiliser la souffrance du peuple d’Artsakh comme un outil politique.
Cependant, si les intentions et les actions visibles de l’Azerbaïdjan de provoquer une catastrophe humanitaire et de procéder à un nettoyage ethnique en Artsakh ne préoccupent pas le président du Conseil européen, nous étions toujours en droit d’attendre que l’institution qu’il représente fasse preuve d’intérêt direct pour le strict respect par l’Azerbaïdjan des décisions de la Cour européenne des droits de l’homme et de la Cour internationale de justice, en tant que des piliers de l’ordre juridique international contemporain. A cet égard, le mépris flagrant du président du Conseil européen pour le non-respect constant par l’Azerbaïdjan de l’ordonnance juridiquement contraignante de l’organe judiciaire principal de l’ONU et ses violations systématiques du droit international, en particulier le non-recours à la menace ou à la force et le règlement des différends, est déroutante.
Seules les mesures efficaces prises par la communauté internationale visant à contraindre l’Azerbaïdjan à s’acquitter immédiatement et sans condition de ses obligations au titre de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020 et de l’ordonnance de la Cour internationale de justice du 22 février 2023 peuvent témoigner que ceux qui agissent en tant que médiateurs sont sincèrement intéressés par une paix et une stabilité durables dans la région. Nous pensons que les acteurs internationaux qui, par leur action ou leur inaction, encouragent Bakou dans ses politiques agressives et expansionnistes et ses actes internationalement illicites, non seulement assument la responsabilité de leurs graves conséquences, mais justifient également la répétition de ces politiques et violations dans d’autres parties du monde.
Nous rappelons une fois de plus qu’en 1991, le peuple d’Artsakh, dans le plein respect du droit international et de la législation nationale en vigueur à l’époque, a exercé son droit inaliénable à l’autodétermination et a établi son État sur la même base que l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Les autorités de la République d’Artsakh ont toujours défendu et continueront de défendre le choix et l’expression légitimes du libre arbitre de leur peuple.
Les représentants des pays et des organisations internationales n’ont pas le droit de décider du sort du peuple d’Artsakh. De plus, toute tentative d’imposer au peuple de l’Artsakh un programme basé sur la légitimation de l’usage illégal de la force et de la terreur équivaut à une complicité dans la mise en œuvre des plans criminels de l’Azerbaïdjan de nettoyage ethnique de l’Artsakh et au maintien d’une source permanente de tension dans la région, tout en encourageant les ambitions territoriales et les politiques agressives de Bakou.
A cet égard, nous réitérons la détermination du peuple et des autorités de la République d’Artsakh à poursuivre la lutte pour leurs droits inaliénables conformément aux normes et principes du droit international. Nous sommes convaincus que seule la reconnaissance du droit à l’autodétermination exercé par le peuple d’Artsakh peut devenir la base d’un règlement durable du conflit et de l’établissement d’une paix et d’une stabilité justes et durables dans la région.
Nous rappelons également que les autorités de la République d’Artsakh ont toujours prôné un règlement global du conflit Azerbaïdjan-Karabakh par la négociation. La République d’Artsakh reste ouverte à toutes discussions tenant compte de toutes les composantes du conflit et à toutes propositions raisonnables visant à un règlement pacifique de celui-ci dans un format de négociation convenu et internationalement reconnu, fondé sur l’égalité des droits des parties et en présence de garanties internationales solides pour la mise en œuvre de leurs obligations.