Le 6 juillet le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a accordé une interview aux chaînes de télévision azérie, dont le ton et le vocabulaire employés sur le règlement du conflit entre l’Azerbaïdjan et le Karabagh, sortent du cadre de l’éthique diplomatique. Accusant les coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE (la France, les Etats-Unis et la Russie) d’inaction, le président de l’Azerbaïdjan tente ainsi de rejeter sa propre faute sur ces derniers pour le manque de résultats dans le processus de négociations de paix.
En entravant le rétablissement des négociations tripartites, en mettant régulièrement en doute le principe du règlement pacifique du différend, en menaçant de recourir à la force, en essayant de déformer l’essence du conflit, en encourageant les opinions et les comportements racistes et armenophobes dans leur propre pays, les autorités azerbaïdjanaises créent délibérément des obstacles au processus de règlement du conflit. Et l’interview susmentionnée en est une éclatante confirmation.
À cet égard, le refus de l’Azerbaïdjan de rétablir les négociations trilatérales est instructif. À différentes étapes du règlement du conflit entre l’Azerbaïdjan et le Karabagh, les négociations ont été menées sous différents formats. Cependant, celles-ci n’ont été plus efficaces que lorsqu’elles ont été menées avec la participation directe de l’Artsakh dans un format à la fois bilatéral (Artsakh-Azerbaïdjan) et trilatéral (Artsakh-Azerbaïdjan-Arménie). C’est dans un format trilatéral, avec la pleine participation de l’Artsakh aux négociations, qu’a été atteint le résultat le plus significatif dans le processus de règlement du conflit, la signature en mai 1994 de l’accord sur la cessation des hostilités. Or, en refusant le format tripartite des négociations, l’Azerbaïdjan retarde artificiellement le processus de règlement.
Les arguments historiques et juridiques mentionnés dans l’interview ne résistent à aucune critique. Cependant, si l’ignorance du président azerbaïdjanais de l’histoire de la région est inoffensive, son interprétation du droit international peut menacer gravement la paix et la sécurité dans le Caucase du Sud.
Dans le contexte du règlement du conflit, la référence faite par l’Azerbaïdjan à l’article 51 de la Charte des Nations Unies est totalement sans fondement et constitue une tentative infructueuse de masquer sa politique agressive et belliqueuse.
Premièrement, l’Azerbaïdjan n’a pas subi une agression. Au contraire, c’est précisément l’Azerbaïdjan qui a transformé le problème politique en conflit armé, en essayant de réprimer par la force le droit du peuple d’Artsakh à l’autodétermination, et après l’accession de ce dernier à l’indépendance, a déclenché une guerre contre la République d’Artsakh.
Deuxièmement, en mai 1994, l’Artsakh, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont signé un accord de cessez-le-feu trilatéral, mettant ainsi fin à la phase armée du conflit et s’engageant à un règlement pacifique de celui-ci. À cet égard, nous estimons nécessaire de rappeler à la partie azerbaïdjanaise que le règlement des différends internationaux par des moyens exclusivement pacifiques est l’un des principes fondamentaux du droit international inscrit dans la Charte des Nations Unies.
Toutes les spéculations de Bakou selon lesquelles l’article 51 de la Charte des Nations Unies lui donne le droit d’utiliser la force dans le contexte du conflit avec le Karabagh ont été rejetées par la communauté internationale en avril 2016, lorsque l’Azerbaïdjan a lancé une nouvelle attaque de grande envergure contre l’Artsakh. Les États coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE, la France, les États-Unis et la Russie, ainsi que le Secrétaire Général des Nations Unies, le Président en exercice de l’OSCE et le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe étaient unanimes sur la nécessité de respecter strictement l’accord de cessez-le-feu de 1994 et l’accord de 1995 sur le renforcement de ce dernier.
Au lieu de s’égarer en portant des accusations fallacieuses à l’encontre des pays médiateurs du conflit et en essayant d’éviter la responsabilité pour ses propres erreurs, l’Azerbaïdjan devrait respecter strictement ses engagements dans le cadre d’un règlement pacifique du conflit et faire preuve de bonne foi en revenant à la table des négociations tripartites.