L’Arménie a fait les titres de l’actualité après le vote de la Chambre des Représentants des Etats-Unis sur le génocide arménien. Avant cela, il y eut l’an dernier une « révolution » à Erevan. L’agitation des peuples, cet automne, de l’Amérique du sud à l’Asie, nous invite à revenir sur les enseignements de cette « révolution de velours » arménienne. Enfin, ce pays porte toujours la charge de la sécurité des populations du Haut-Karabagh, territoire que lui conteste l’Azerbaïdjan voisin. Voilà donc trois raisons de réfléchir à sa situation actuelle. Par Gérard Vespierre (*), chercheur associé à la FEMO, président de Strategic Conseils. – Un article à retrouver dans la Tribune.
Extrait
Guerres et tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan
Si on posait la question : « Qu’est que le Haut-Karabagh, et où se situe-t-il ? » dans le cadre d’un « micro-trottoir » les réponses seraient certainement très difficiles. En quelques mots, quel est ce territoire ? Le Haut-Karabagh est une région montagneuse de 12.000 km², située à la frontière entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, avec une population de 150.000 habitants, maintenant presque à 100% arménienne, et chrétienne. Sa situation géopolitique actuelle est complexe, car son histoire le fut.
Un rapide retour historique nous enseigne que ce territoire appartenant à l’Empire Perse, au 18e siècle et peuplé d’Arméniens, fut cédé à la Russie en 1805. Juste après la révolution soviétique, en 1921, le bureau caucasien du parti bolchevique le rattacha à l’Azerbaïdjan et, en 1923, constitue la région en « Oblast autonome du Haut Karabagh ».
Pendant 65 ans, la situation n’évolue pas. Profitant de la Perestroïka, la région demande son rattachement à l’Arménie soviétique en 1988 et essuyant un refus de la part de Moscou s’auto-proclame République indépendante en 1991. La même année, l’Arménie et l’Azerbaïdjan proclament leur indépendance. Celle du Haut-Karabagh, pourtant entérinée par un référendum où 82% de sa population soutient cette décision, n’est pas reconnue internationalement.
Des années de combats entre l’Azerbaïdjan et les Arméniens du Haut-Karabagh soutenus par l’Arménie s’ensuivront jusqu’à un cessez-le-feu en 1994.
Le Haut-Karabagh ou la République d’Artsakh
Ce territoire est donc actuellement toujours soutenu par Erevan et en conflit avec l’Azerbaïdjan. Les habitants ont fini par élaborer leur propre statut sous une forme républicaine, la République d’Artsakh, avec un Président, un parlement, et un gouvernement. Sa reconnaissance internationale reste à établir, mais sa volonté de faire partie un jour de l’Arménie est toujours aussi inébranlable.
La stratégie d’établissement des relations internationales revêt à ce jour deux formes : la mise en place de jumelage ou de charte d’amitié avec d’autres entités territoriales du monde entier (ville, département, région…) et l’organisation de conférences internationales. Plusieurs villes françaises, département ou région se sont déjà engagées dans cette première voie. Les conférences sont destinées à augmenter la visibilité de la situation de l’Artsakh, d’élargir les contacts internationaux à l’ensemble de la planète, et de les formaliser.
Une de ces conférences pour la justice et la paix vient de se tenir mi-octobre à Stepanakert… capitale de l’Artsakh, réunissant des participants de plusieurs dizaines de pays de l’Amérique du sud, du Moyen-Orient, et d’Europe. L’internationalisation est donc bien en marche.
En parallèle, des « démarches d’Etat » sont également entreprises. La plus récente est la venue aux Etats-Unis du ministre des Affaires étrangères artsakhiote, et sa visite au Congrès, qui lui a permis d’être présent au moment du vote de la reconnaissance du génocide arménien ! La prochaine sera la visite à Bruxelles du président de la République d’Artsakh, lui-même, les 8 et 9 novembre…..