Ce jour marque le 30e anniversaire des pogroms anti-arméniens de Bakou (capitale de l’Azerbaïdjan), l’un des épisodes les plus tragiques du conflit entre l’Azerbaïdjan et le Karabakh. Le 13 janvier 1990, l’oppression ciblée des Arméniens de Bakou s’est transformée en un massacre généralisé et organisé.
Scandant des slogans « Gloire aux héros de Sumgaït! », «Vive Bakou sans les Arméniens!», une foule de milliers de personnes, s’étant divisée en groupes dirigés par des militants du Front populaire d’Azerbaïdjan (FPA), a commencé méthodiquement, «maison par maison», à «nettoyer» la ville des Arméniens. Il existe de nombreuses preuves d’atrocités et de meurtres commis avec une extrême brutalité.
Ceux qui ont échappé à la mort ont été expulsés de force. Des milliers d’Arméniens se sont enfuis sur des radeaux à travers la mer Caspienne vers le port de Krasnovodsk, en République soviétique socialiste de Turkménistan, et de là, par voie aérienne, vers l’Arménie et la Russie.
Les pogroms ont duré une semaine entière avec l’inaction criminelle des autorités azerbaïdjanaises, des troupes de maintien de l’ordre et des unités de l’armée soviétique localisées à Bakou.
Le 18 janvier, suite aux massacres frappant les Arméniens de Bakou, ainsi que des attaques armées contre les villages arméniens de la région de Chahumian et de Guetachen, le Parlement européen a adopté une résolution « Sur la situation en Arménie », appelant les autorités soviétiques à protéger effectivement la population arménienne vivant en Azerbaïdjan via une intervention de l’armée.
Ce n’est que dans la nuit du 20 janvier 1990 que des unités de l’armée soviétique ont été expédiées en la capitale de l’Azerbaïdjan pour mettre fin aux pogroms après avoir combattu la résistance farouche des groupes armés du Front populaire.
Les massacres des Arméniens de Bakou sont un des crimes de masse les plus sanglants contre la population arménienne d’Azerbaïdjan secouée, depuis février 1988, par toute une vague de meurtres, de déportations et autres exactions qualifiées de crime contre l’humanité. Selon diverses sources, entre 150 et 300 personnes ont trouvé la mort pendant ces macabres événements.
Le ministère artsakhiote des Affaires étrangères condamne le déni systématique par les autorités azerbaïdjanaises des actes de génocide et l’héroïsation des auteurs de ces crimes, celui-ci faisant désormais partie intégrante de la politique de Bakou d’encouragement de la xénophobie et de la haine contre les Arméniens.
En effet, l’enracinement dans la société azerbaidjanaise de l’arménophobie et l’encouragement des crimes contre les Arméniens sont aujourd’hui élevés au rang de politique de l’État en Azerbaïdjan. Cette politique a pénétré toutes les sphères de la vie publique, provoquant de graves altérations dans la conscience collective azerbaïdjanaise.
L’arménophobie en Azerbaïdjan a atteint des proportions telles qu’il est actuellement l’une des principales sources de menaces à la stabilité et à la sécurité régionales.
Pour surmonter ces processus négatifs et éviter une aggravation encore plus grande du problème de la xénophobie en Azerbaïdjan, il sera nécessaire de mettre en œuvre un ensemble de mesures avec le soutien de la communauté internationale, qui permettront à la société azerbaïdjanaise de se débarrasser des normes et orientation haineuses imposées par les autorités.
Une étape importante dans le processus d’éradication des phénomènes négatifs causés par la propagande de haine de longue date envers les Arméniens pourrait être la reconnaissance par les autorités azerbaïdjanaises de la responsabilité des crimes de masse commis contre la population arménienne, y compris les pogroms de Bakou. Cela améliorerait non seulement la situation en Azerbaïdjan même, mais créerait également les conditions préalables à l’instauration d’une paix durable dans la région.